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  • Tags: dilemme

Contrairement à ce qu’affirment certains détracteurs de 24 heures chrono qui soutiennent que la série exprime une vision simpliste du monde et une apologie à peine voilée de la torture, je défends l’idée qu’elle revêt en réalité une dimension hyper-morale en ce qu’elle propose une véritable éducation morale ouverte du public, et non moralisante – car basée sur la variation des points de vue et une réflexion pluraliste qui n’est jamais ni prédéfinie ni définitive. M’appuyant sur la théorie du développement moral de Lawrence Kohlberg, je montre en particulier comment le personnage principal Jack Bauer dépasse les deux grandes conceptions morales que sont l’utilitarisme et le déontologisme pour se révéler un authentique anti-héros, celui qu’on ne voudrait pas être et dont il ne faudrait pas avoir besoin. Mais Jack nous rappelle aussi ce qu’est l’exigence morale absolue, sa valeur tout autant que son prix et ses limites, illustrant ainsi l’exigence amorale de l’éthique kohlbergienne, marquée par l’excès, voire l’abus d’une exigence morale désespérée. Jack est-il alors une incarnation possible du stade cosmologique que Kohlberg avait fini par abandonner ? La série souligne en tous cas à quel point les héros sont fatigués et témoigne de la nécessité d’un changement politique qui permettrait à notre monde de ne plus avoir besoin de tels héros. Car si Jack Bauer en est un malgré tout, il l’est à la façon de Sisyphe – un héros de l’absurde.