Passer au contenu principal

Contribution

Cette contribution est issue de l’ouvrage collectif : Sylvie Allouche & Théo Touret-Dengreville (éd.), Sécurité et politique dans les séries de superhéros

Présentation

Les superhéros naissent aux États-Unis à la fin des années 1930 dans le contexte de la montée de la menace puis de l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, les figures les plus marquantes de l’époque ayant été créées par DC Comics : Superman (1938), Batman (1939), Flash (1940), Green Lantern (1940), Wonder Woman (1941), etc. Rapidement les comics rejoignent l’effort de guerre de la Greatest Generation face au nazisme, et les superhéros rencontrent le succès tant auprès des enfants restés au pays que des soldats envoyés au front. Si Marvel Comics avait dès 1940 donné naissance à la figure de Captain America, c’est dans les années soixante que la plupart de ses figures les plus célèbres font leur apparition sous la plume de Stan Lee : Hulk (1962), Thor (1962), Spider-Man (1962), Iron Man (1963), les X-Men (1963), Daredevil (1964), etc.

Aujourd’hui, comme pour le reste du paysage culturel états-unien, les histoires de superhéros témoignent à la fois du retentissement des attentats du 11 Septembre et de l’épanouissement durant la même période du format de la série télévisée, en particulier à travers le développement des deux principaux univers issus des comics : le Marvel Cinematic Universe et le DC Cinematic Universe. Les personnages de superhéros, qu’ils se chargent de la sécurité de leur quartier (Daredevil), de la Terre (Watchmen), de la galaxie (Guardians of the Galaxy), voire de la ligne temporelle de l’univers tout entier (Loki), permettent sous forme de représentations symboliques de critiquer des idéologies et des politiques, de révéler des réalités du présent, d’analyser des ambivalences morales… Du héros de The Punisher dont le crâne est utilisé comme emblème par diverses forces armées partout dans le monde à Wonder Woman dont le retour marque une nouvelle forme d’empowerment féministe, en passant par les supes de la série satirique The Boys qui raille la cupidité des corporations tout en étant diffusée par Amazon, les superhéros, figures phares de la culture populaire internationale, se trouvent au cœur des grands questionnements sécuritaires et politiques de notre époque.

C’est ce que ce recueil, qui comprend des textes en français et en anglais, se propose de mettre en évidence, à la lumière non seulement de la philosophie mais aussi d’autres champs disciplinaires (cinéma, communication, droit, études anglophones, histoire), en se concentrant sur les séries de superhéros, tant télévisées que cinématographiques, tout en les mettant en lien avec les univers transmédiatiques qui les portent, et en particulier les comics dont elles tirent leur origine.

La première partie débute ainsi par une exploration d’univers superhéroïques singuliers (DC ou Marvel), à commencer par l’analyse conduite par Sandra Laugier de la figure de Wonder Woman depuis sa création en 1941. Henri de Monvallier s’intéresse ensuite à la trilogie filmique Spider-Man de 2002-2007 et Clair Richards à la série Watchmen diffusée en 2019.

Les quatre textes de la partie suivante se penchent plus spécifiquement sur le Marvel Cinematic Universe lancé en 2008 avec Iron Man : alors que Daniel Koechlin développe une analyse critique du discours idéologique porté par les séries Marvel des années 2010, Théo Touret-Dengreville s’emploie à montrer en quoi le film Black Panther (2018) constitue une œuvre plus audacieuse de ce point de vue. Benjamin Campion et Stephen Mulhall livrent quant à eux deux interprétations en partie divergentes de la série WandaVision (2021).

Dans la dernière partie du recueil sont finalement proposées des analyses qui prennent un point de vue plus général sur les séries de superhéros, mais en se centrant sur des thématiques définies : Lolita Broissiat s’intéresse ainsi à la figure du « super-vilain », François Allard-Huver aux dispositifs de surveillance et de sécurité, et Jean Baret à la façon dont le droit est représenté dans l’univers des superhéros. Pour finir, Sylvie Allouche s’efforce de montrer en quoi, du fait des enjeux sécuritaires qu’elles soulèvent constitutivement, les histoires de superhéros ouvrent à une réflexion sur les fondements de la politique.

Nous remercions Jean Baret, avocat et auteur de science-fiction, mais aussi spécialiste des superhéros (il a notamment lu tous les comics Marvel !), qui, outre sa contribution, a eu la gentillesse de relire l’ensemble des chapitres afin de corriger les éventuelles erreurs factuelles.

Citation

Sylvie Allouche & Théo Touret-Dengreville, « Présentation », dans Sylvie Allouche & Théo Touret-Dengreville (éd.), Sécurité et politique dans les séries de superhéros Archive ouverte J. Vrin, visité le 21 décembre 2024, https://archive-ouverte.vrin.fr/item/allouche_touret-dengreville_presentation_2023

Éditrice et éditeur

Sylvie Allouche est enseignante-chercheuse en philosophie à l’UCLy (Lyon Catholic University), UR Confluence : Sciences et Humanités (EA 1598 1598), et membre de l’ERC Advanced Grant DEMOSERIES, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

allouche.sylviegmail.com

Théo Touret-Dengreville est doctorant en histoire à l'Université de Picardie Jules Verne. Il a été en 2021-2022 assistant de recherche au sein de au sein de l’ERC Advanced Grant DEMOSERIES, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

theo.touretdengmail.com

Vues

  • 28
  • 1
  • 1