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Contribution

Cette contribution est issue de l’ouvrage collectif : Sylvie Allouche (éd.), 24 heures chrono, naissance du genre sécuritaire ?

La torture dans 24 heures chrono. De la fiction à la réalité

Le traumatisme initial

Le 11 septembre 2001, les États-Unis subissent un véritable traumatisme alors que le monde entier voit en direct des avions détournés s’écraser sur les tours du World Trade Center et le Pentagone. Cette attaque au cœur même du pouvoir économique et militaire met à mal le mythe de la superpuissance états-unienne. Comment une telle faille de sécurité a-t-elle pu être possible ? Qui sont les coupables ? Comment la nation qui possède l’armée la plus puissante du monde a-t-elle pu se faire déborder par des hommes détournant des avions civils ?

Rapidement, un coupable est trouvé, Al-Qaïda, une organisation terroriste islamiste salafiste transnationale dont la figure de proue est Oussama Ben Laden, qui revendique lui-même les attaques. Cet événement d’ampleur internationale incite alors l’administration Bush et les États-Unis à lancer, d’après la déclaration du président George W. Bush du 20 septembre 2001, une War on Terror (« Guerre contre la Terreur »), ce concept impliquant rien de moins que le repérage, l’affrontement, et le démantèlement de tous les groupes terroristes de portée internationale.

Dix-neuf ans plus tard, malgré la mise à mort de Ben Laden, les conflits en Afghanistan et en Irak, et les mandats des présidents Obama, Trump et maintenant Biden, cette « guerre » est toujours d’actualité. Car c’est tout le problème d’une guerre contre un opposant aussi subversif et nébuleux que le terrorisme. On ne peut pas régler le problème en déployant les boys et toute la force de frappe américaine. La nécessité de mettre en œuvre des opérations de renseignement et de frappes stratégiques, clandestines ou non, et de surveiller le territoire intérieur comme celui des pays étrangers, implique de mobiliser toute une législation et une diplomatie appropriées à ce type de conflit.

C’est ainsi qu’une multitude de mesures sont initiées d’abord sous l’administration Bush, et poursuivies partiellement par ses successeurs, pour s’assurer du succès de cette guerre contre le terrorisme. Des mesures qui encore aujourd’hui sont fortement critiquées tant en interne qu’au niveau international. Le 17 septembre 2001, le président Bush signe le Memorandum of Notification (MON), qui donne le droit à la CIA de capturer et détenir tout individu préparant des actes terroristes ou constituant une menace pour les vies et intérêts états-uniens. La CIA devient alors détentrice de pouvoirs sans précédent lui donnant toute latitude pour choisir les individus à capturer, la justification factuelle de leur détention, et la durée de ladite détention. Et le 26 octobre 2001, le Congrès fait passer le Patriot Act, un ensemble de lois visant à renforcer les pouvoirs des agences de sécurité et des forces de l’ordre quant à la surveillance et la prévention face au terrorisme, notamment avec des écoutes téléphoniques sur le territoire national, mais aussi en allégeant les législations préexistantes et en aggravant les peines concernant les activités potentiellement terroristes. Le décret MON et le Patriot Act signent un moment pivot de la politique et du droit états-uniens vis-à-vis du territoire national et extra-national.

Le choc culturel

Le 11 Septembre marque un véritable traumatisme dans la psyché états-unienne. Il s’agit d’une attaque sur le territoire même, la première depuis Pearl Harbor. C’est une défaite et aussi une humiliation pour la première puissance mondiale. Ce choc se répercute de manière évidente dans la culture américaine, et on voit un retour en force des images de patriotisme fort, propres au cinéma hollywoodien et à une longue culture de fierté nationale. On peut penser bien évidemment aux gros plans des films de super-héros sur le drapeau américain, du Spider-Man de Sam Raimi de 2002 aux Avengers des frères Russo dans les années 2010. On peut aussi penser au renforcement d’un certain nombre de théories conspirationnistes, déjà en partie présentes sur le sol américain qui, à la suite du 11 Septembre et des nombreuses questions laissées sans réponses par l’administration américaine et du fait d’internet, ont pris de plus en plus d’ampleur et se sont inscrites de manière durable dans la culture américaine des années 2000.

Mais si le choc culturel est important au cinéma comme dans le débat d’idées, l’un de ses premiers vecteurs reste le petit écran. Certes, les séries d’espionnage ou de lutte contre le terrorisme ne sont pas une nouveauté, cf. par exemple la série Counterstrike d’USA Network entre 1990 et 1993. Mais les années 2000 marquent un véritable tournant pour le genre qui devient alors populaire et à bien des égards une norme de la culture télévisuelle américaine.

Or s’il y a bien une série qui traite de ce choc culturel au début des années 2000, c’est sans aucun doute 24 heures chrono (Joel Surnow & Robert Cochran, 2001-2008). Prévu pour octobre 2001 et décalé à la suite des attentats, le pilote est diffusé pour la première fois sur la Fox le 6 novembre 2001 avec Kiefer Sutherland dans le rôle de Jack Bauer. La série met en avant, sur un modèle de narration en temps réel réparti sur 24 heures, la lutte de Jack Bauer, agent de la fictionnelle Counter Terrorism Unit (CTU), contre les menaces terroristes variées qui mettent en péril la population états-unienne. La série, qui aura droit à huit saisons entre 2001 et 20081, rencontre dans l’ensemble un fort succès critique et réunit régulièrement entre 6 et 12 millions de téléspectateurs en prime time. Elle apporte un regard nouveau quant à la mise en scène des séries qui se veulent réalistes, tant par le mode de narration que par les prises de vue et les jeux de lumière. De plus, elle pose à bien des égards ce qu’on pourrait appeler les bases des séries sécuritaires en termes d’intrigue, d’écriture des personnages et de mise en avant d’une culture états-unienne de la surveillance.

Jack Bauer est un homme aux relations interpersonnelles troublées, mais dont la morale rappelle grandement les figures des vigilantes, des cowboys, des héros des films des années 70 à 90, et des super-héros. Il a une morale inaltérable quand il s’agit de faire son « boulot », c’est-à-dire protéger les États-Unis des terroristes. Il est incorruptible, pragmatique, et pour lui la fin justifie les moyens. Peu importe le coût, et même s’il doit faire des sacrifices personnels, il accomplira sa mission, avec ou sans l’accord des autorités. Ce qui implique de torturer terroristes et ennemis de la nation, plus de 20 fois en huit saisons pour être précis, dans des scènes d’une violence psychologique et physique extrêmement forte, et au mépris total de nombreuses lois.

Nous nous proposons de comparer la figure fictive de Jack Bauer au comportement réel des agents d’organisations comme la CIA engagées dans la War on Terror évoquée plus haut. Quelle est la perception dans la population de ces tortures, fictives comme réelles ? Quelles sont les différences de pratiques entre la réalité et la série 24 heures chrono ? La représentation de cette violence à l’écran a-t-elle un but politique, cathartique, ou narratif ? C’est à ces questions que nous allons tenter de répondre.

La torture dans les États-Unis contemporains

Si l’on veut pouvoir parler de la torture dans 24 heures chrono, il convient dans un premier temps de se pencher sur les pratiques réelles de torture mises en œuvre au xxie siècle au cours de la War on Terror, mais aussi sur la définition du terme « torture », et sur le cadre légal qui entoure les pratiques susceptibles d’en relever.

Que désigne-t-on exactement par le terme « torture » ? Pour le savoir, on peut partir de la définition proposée par l’ONU, qui fournit une base reconnue dans le droit international : « La torture désigne un acte infligeant de la souffrance physique ou mentale à un individu dans le but de l’intimider, de le punir, ou de le forcer à confesser. L’acte est accompli par un ou des individus qui sont encadrés, ou soutenus, par une quelconque forme de pouvoir officiel »2.

Il apparaît tout de suite que cette définition laisse beaucoup de place à l’interprétation, tout en ayant des lacunes évidentes. En particulier, les actes de torture exercés par une personne privée, non encadrée par une quelconque forme d’autorité officielle, sont explicitement exclus. De plus, les notions de douleur et de souffrance, surtout quand elles prennent des formes psychologiques, restent sur le plan médico-légal très subjectives et nébuleuses.

Mais si on laisse de côté le problème posé par la définition de la torture, il est important de noter que de nombreux accords et conventions du droit international, comme la Convention de Genève, interdisent aux pays signataires la pratique de la torture, celle-ci étant reconnue comme contraire aux droits de l’homme, barbare et bien souvent inefficace. Pourtant, dans les années 2000, de nombreuses organisations états-uniennes ne se sont pas privées d’y recourir, notamment sous l’administration Bush. La CIA tout particulièrement, dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme, a mis au point plusieurs techniques visant à forcer la collaboration des détenus suspectés d’avoir des connexions avec le terrorisme. Inspirées du SERE (Survival Evasion Resistance Escape), un programme développé par l’armée américaine pour former ses soldats à résister aux interrogatoires en cas d’emprisonnement, tout particulièrement pendant la Guerre de Corée, et retravaillées grâce à l’assistance de psychologues3, ces techniques tout à fait assimilables à de la torture sont regroupées sous le terme d’Enhanced Interrogation Technique. Le choix de ce terme n’est pas anodin et marque la volonté de la CIA d’utiliser tout un lexique très spécifique visant à différencier au maximum dans l’esprit des juristes et des citoyens leurs techniques d’interrogatoire de ce que beaucoup considéreraient comme de la torture.

On peut trouver parmi ces pratiques4, de manière non exhaustive, le waterboarding, qu’on pourrait traduire par « noyade intermittente », les facial slaps (gifles) visant à humilier et effrayer les détenus en les frappant au visage, les attention grabs, qui sont des empoignades où l’on projette les détenus en les agrippant par leurs vêtements. Nombre de ces techniques infligent de la douleur physique tout en laissant peu de traces sur le corps des détenus, ce qui rend leur dénonciation d’autant plus difficile. On a également toute une panoplie de méthodes visant à affaiblir physiquement les détenus en détention longue, comme la privation de sommeil, l’usage de musique et de lumière extrêmement fortes de façon à surcharger les sens, la privation d’eau, de nourriture ou de vêtements, des interrogatoires qui durent plus de vingt heures d’affilée, l’utilisation de mobilier comme des chaises volontairement inadaptées pour provoquer l’inconfort, ou encore l’utilisation de chiens pour effrayer les détenus5.

Il est à noter également que le terme de détenu, « detainee » en anglais, n’est pas anodin. Car on ne parle pas de prisonniers classiques ici, mais de personnes suspectées de terrorisme qui, dans le cadre du Patriot Act ou des prérogatives conférées aux agences américaines et tout particulièrement à la CIA, échappent au droit pénal américain traditionnel. Les détenus sont désignés sous des appellations comme « terroristes de grande valeur » et enfermés dans des black sites, des prisons placées sous autorité américaine mais sur des territoires étrangers, où les interdits légaux états-uniens ont moins de poids6. Des sites comme Guantanamo à Cuba ou Bagram en Afghanistan, qui sont des prisons en partie gérées par l’armée américaine, restent de bons exemples de lieux utilisés pour ces techniques d’interrogation. Toujours dans le cadre de la War on Terror, on recourt à ces pratiques dans des opérations comme l’opération Greystone, qui vise à capturer divers membres d’Al-Qaïda en Afghanistan et à les exfiltrer des terrains d’opérations militaires pour pouvoir les interroger.

Selon l’historien Alfred McCoy, concernant les conflits en Afghanistan et en Irak, « on peut compter au moins 14 000 prisonniers qui auraient été soumis à des interrogatoires impliquant de la torture, 1 100 prisonniers “de haute valeur” qui auraient été déplacés vers des black sites, 36 responsables d’Al-Qaïda qui auraient été détenus et interrogés pendant plusieurs années, et au moins 68 détenus morts dans des conditions suspectes »7.

Certains spécialistes n’ont pas hésité à faire le lien entre ces pratiques et celles qui furent utilisées par l’Allemagne et le Japon pendant la Seconde Guerre Mondiale, et qui valurent des condamnations à la peine capitale au procès de Nuremberg. Le 29 mai 2007, Andrew Sullivan publie ainsi dans The Atlantic Monthly un article intitulé « Verschärfte Vernehmung »8, qui désigne un procédé d’interrogatoire utilisé par la Gestapo et dont les termes rappellent grandement ceux d’Enhanced Interrogation Technique utilisés par la CIA.

Toutes ces techniques de torture, disons-le, en rupture totale avec le droit international, trouvent leur justification pour de nombreux Américains dans le traumatisme du 11 Septembre. La menace du nouveau terrorisme contemporain aurait forcé les États-Unis à abaisser leurs standards moraux afin de garantir leur sécurité. Malgré les nombreuses critiques que ces pratiques ont suscitées, sur lesquelles nous nous pencherons plus tard, nous pouvons voir apparaître un schéma du type « the end justifies the means » (la fin justifie les moyens). Un schéma qui ne touche pas seulement dans les années 2000 la sphère des services de renseignement et l’armée américaine, mais aussi la sphère culturelle, Jack Bauer en étant le parfait exemple.

24 heures chrono ou l’apologie de la torture

En effet, il est important de noter que si la CIA a pratiqué la torture ou, au minimum sur le plan juridique, des techniques d’interrogatoire discutables, il a fallu rallier l’opinion publique à l’idée de la nécessité d’une telle entreprise. D’après le rapport de la Commission sénatoriale américaine du 9 Mai 20149, chargée d’enquêter sur le programme de renseignement de la CIA accessible au public, il y a eu de la part de l’agence des fuites volontaires dans la presse sur les techniques d’interrogatoire, si les journalistes acceptaient de les présenter sous un œil favorable. C’est-à-dire expliquer que ces techniques sont efficaces. Ce qui, nous le verrons, reste encore aujourd’hui à prouver.

Mais cette idée de la torture utilitariste, visant au bien commun du plus grand nombre, n’a pas été véhiculée que par cette seule agence de renseignement. De nombreuses productions culturelles ont mis ce modèle en avant, mais aucune ne l’a fait autant que 24 heures chrono.

Jack Bauer torture, maltraite, blesse et mutile tout au long de la série. L’association citoyenne Parent Television Council parle de 67 scènes de torture rien qu’au cours des cinq premières saisons10. Si ce chiffre est peut-être excessif, il n’en demeure pas moins que 24 heures chrono est une série extrêmement violente qui place la torture au centre de ses moments forts. Une torture présentée sous un jour peut-être pas toujours favorable, mais au minimum nécessaire.

Ainsi, quand dans Day 211 Jack capture le terroriste Syed Ali et souhaite obtenir de lui des informations sur la bombe nucléaire qu’il prévoit de faire exploser, il le torture mais n’arrive pas à obtenir quoi que ce soit de lui. Il met alors en place une stratégie, où il fait croire à Syed que des commandos vont exécuter sa famille si celui-ci n’avoue pas l’emplacement de la bombe. Jack va même jusqu’à le briser mentalement quand un des fils d’Ali est faussement assassiné à l’écran. Alors que Syed lâche l’information, Jack paniqué le fait envoyer à Guantanamo et contacte rapidement les commandos chargés de cette mise en scène pour avoir confirmation que l’enfant est toujours en vie. On voit bien sur le visage de Jack la tension qu’il éprouve à ce moment-là, il est visiblement incertain du sort de l’enfant. Ce qui implique que l’enfant aurait vraiment pu être abattu. Et si cela aurait visiblement affecté Jack, il n’en demeure pas moins qu’il était manifestement prêt à courir ce risque.

Autre exemple : dans Day 312, alors que Stephen Saunders, un bioterroriste, refuse d’avouer à Jack où il a placé les fioles de virus Cordilla alors que l’une d’entre elles a déjà contaminé un hôtel et condamné de nombreux innocents, Jack envoie chercher Jane Saunders, la fille du terroriste, et menace de l’envoyer sur le lieu contaminé si celui-ci ne lui révèle pas l’emplacement des autres souches du virus. Tandis que Saunders crie à Jack qu’il n’osera pas, qu’il n’est pas en droit de faire cela, qu’il est un government agent, Bauer lui crie en l’agrippant par la gorge : « When your daughter is infected, I’m gonna make you watch her die »13.

Mais, à mes yeux, l’une des scènes les plus brutales de la série reste le sort que Jack réserve à Pavel Tokarev, l’assassin de Renee Walker dans Day 814. Dans une même section d’épisode de quasiment sept minutes, Jack attache Pavel, le frappe, lui inflige des blessures au couteau, place de l’alcool sur ses plaies, le brûle au chalumeau avant de finir par l’éventrer pour récupérer une carte SIM que l’assassin avait avalée. La scène est intense, Jack enchaîne les tortures, augmentant à chaque fois leur niveau de gravité et leur cruauté. Et on est en droit de se poser la question : n’y prend-il pas un peu de plaisir, par vengeance ?

Au cours des neuf saisons de 24 heures chrono, Bauer torture avec des câbles électriques, tire au pistolet dans les rotules, mutile au couteau, frappe avec ses poings ou avec du mobilier, utilise des produits chimiques qui infligent des douleurs terrifiantes. Dans chaque saison apparaît au minimum une scène de torture sordide de la part de Bauer, que celle-ci soit physique, psychologique ou les deux. Rien n’arrête l’homme qui fera tout ce qui est en son pouvoir pour stopper les criminels, au détriment de la morale et de la loi.

Il est très important cependant de noter que Jack n’est pas le seul à utiliser la torture, loin de là. Ainsi, dans Day 215, le président Palmer lui-même fait torturer le directeur de la NSA Roger Stanton à l’aide de chocs électriques, afin de lui faire avouer l’emplacement d’une bombe. On peut voir le président suivre directement cette scène sur un écran vidéo. Il n’y a aucun doute, on nous place directement devant le fait que le président des États-Unis ordonne, contrôle et surveille lui-même des affaires de torture au nom de la sécurité nationale.

Cet épisode renforce une thématique très présente dans la série, la majorité des personnages étant soit partisans de la torture, soit répugnés par elle, mais ne la contestant que mollement. Quand, dans le premier épisode de Day 416, Jack tire dans le genou de Tomas Sherek, un terroriste turc, après s’être enfermé avec lui dans sa cellule, malgré l’interdiction de la directrice Driscoll, sa supérieure qui assiste à la scène, Jack est confronté à l’indignation de ses collègues. La directrice lui fait savoir qu’elle n’hésitera pas à lui tirer dessus s’il refuse de sortir de la cellule. Et pourtant, dès que Jack obtient l’information dont il avait besoin auprès du terroriste, c’est le branle-bas de combat dans toute la CTU, qui se recentre sur la menace, et passe rapidement sur le comportement de Jack. Il a fait son job, ce qui est fait est fait, maintenant l’agence a les informations nécessaires pour accomplir sa mission.

Autre exemple : quand Jack menace de torture Walt Cummings, le chief of staff du président Logan, dans Day 517, il vient à lui dire : « You read my file, you know what I will do to you »18. La phrase nous indique non seulement que la hiérarchie est au courant d’une bonne partie de ses agissements, mais que la réputation de Jack quant à ses méthodes s’est répandue et provoque la crainte. Le héros du show est connu, dans la diégèse de l’univers, comme un tortionnaire.

Même des personnages comme Renee Walker, agente du FBI qui travaille avec Jack au cours des Day 7 et 8 et se montre au début critique de ses méthodes, finit par interroger violemment Alan Wilson, un conspirateur responsable de la création d’une arme biologique, le laissant quasiment pour mort après son interrogatoire19. Pour signer l’abandon de ses convictions idéalistes et légalistes, elle dépose d’ailleurs sa plaque d’agente avant d’entrer dans la salle d’interrogatoire.

Or si les scènes de torture de 24 heures chrono sont parfois inspirées de la réalité, elles sont la majorité du temps des scènes spectaculaires de violence gratuite infligée à l’aide d’instruments classiques de torture, ou qui sont au moins présents sur les lieux de l’interrogatoire. Les outils sont parfois inventés aussi, comme la hyocine-pentothal, une drogue que Jack utilise dans Day 6 contre son propre frère Graem Bauer20. Drogue qui cause des douleurs insoutenables en stimulant les neurorécepteurs de la douleur. Inspiré par deux molécules réelles, la hyoscine, qui provoque des nausées, et le sodium pentothal, anesthésique censé faciliter la coopération (le fameux sérum de vérité), ce composé chimique est utilisé à plusieurs reprises dans la série comme un outil d’interrogatoire terriblement efficace.

C’est ainsi que la torture traverse toute la série de manière constante. Les terroristes torturent, les agents et officiels états-uniens torturent, Jack torture, et même les personnages qui y sont opposés expriment soit une gêne complaisante, une tolérance silencieuse, ou finissent par valider ou pratiquer eux-mêmes la torture.

Si bien souvent ces scènes choquent les téléspectateurs par leur violence, elles véhiculent également deux idées qui ont été vivement critiquées, dans la réalité comme dans le show. La première est que la torture fonctionne de manière quasiment systématique. La seconde est que le tortionnaire se sacrifie, sacrifie sa morale, son humanité, pour accomplir son devoir. C’est-à-dire que la torture, bien généralement, ne devient plus l’apanage des méchants de la fiction, mais plutôt un outil dans le kit des héros. Ce qui tend à justifier la torture comme fonctionnelle, et qui, comme nous allons le voir, pose de sérieux problèmes pour une série suivie par plusieurs millions de téléspectateurs pendant plusieurs années.

De manière ironique, le seul qui semble immunisé contre la torture est Bauer lui-même. Torturé à plusieurs reprises dans la série, y compris pendant deux ans au sein des services secrets chinois, on apprend qu’il ne craque jamais et ne lâche rien. Il renforce ainsi non seulement son aura de patriote et d’invincible héros, mais aussi sa légitimité. Seuls les injustes craquent sous la torture, les justes, les braves, les héros, eux, ne craquent pas. Ainsi la torture sur Jack, par des terroristes et des conspirationnistes, n’a aucun effet, comme si la justesse de la cause défendue était ce qui faisait que la torture fonctionne ou non.

La critique de la torture

Et pourtant, que cela soit dans 24 heures chrono ou dans la vie, il ne faudrait pas croire que toute la société états-unienne se rallie derrière la torture et ses représentations, loin de là. De nombreuses voix se dressent contre cette pratique, que cela soit par idéologie, ou tout simplement pour se protéger des éventuelles retombées.

Lorsque le scandale de la prison d’Abou Ghraib éclate en avril 2004 avec le dévoilement de photos de prisonniers irakiens torturés dans des conditions abominables, bien au-delà des fameuses techniques officielles d’interrogatoire poussé, le public états-unien est confronté à une réalité qui n’est pas sans rappeler l’horreur des Zippo squads21 du Vietnam. Les photos des traitements abjects infligés par les soldats de l’US Army et de la CIA rappellent à beaucoup de citoyens les pires moments de l’histoire de leur pays et placent l’opinion face à la réalité cruelle de la torture.

L’administration Bush, suite à la fuite de ces photos et d’autres documents, se voit contrainte de rappeler que les traitements inhumains comme ceux-là sont illégaux, tout en gardant la porte ouverte, dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, à la « nécessité » de certaines techniques de détention fragiles sur le plan légal22. Des associations humanitaires comme Amnesty International ou la Croix-Rouge dénoncent ces pratiques, diffusent des témoignages de prisonniers passés par des lieux d’internement comme Guantanamo, et mettent en évidence que les façons de faire d’Abou Ghraib ne sont pas si rares, ni spécifiques à cette prison.

Au cours des années 2000, de nombreuses personnes remettent en cause l’utilisation de la torture, tant sur le plan moral que sur le plan plus pragmatique de son efficacité. John Helgerson, par exemple, inspecteur général de la CIA de 2002 à 2009, lance, du fait du malaise exprimé par de nombreux agents face aux techniques d’interrogatoire employées, une grande étude, partiellement publiée par l’administration Obama en 200923, et dans laquelle il se montre critique vis-à-vis des techniques utilisées, tant sur le fond que sur la forme. D’autres agents rattachés à la CIA élèvent aussi leur voix face à ces pratiques, comme Terrence DeMay, responsable des services médicaux de la CIA, qui dépose plainte contre James Mitchell, l’un des psychologues ayant travaillé avec l’agence pour mettre au point ses pratiques de torture. Il met en cause non seulement les problèmes éthiques soulevés par l’utilisation de ces techniques d’interrogatoire, mais aussi le stress et le malaise subis par les agents chargés de les appliquer, ainsi que les problèmes déontologiques induits par la participation de psychologues et de personnels de santé à ces opérations. Mel Gravitz, un membre du comité du conseil de l’agence, fera de même24. Ainsi on peut voir qu’au sein même de la CIA, les pratiques de torture sont loin d’être considérées par tous comme acceptables.

Mais la critique officielle la plus marquée du programme reste le Committee Study on the Central Intelligence Agency’s Detention and Interrogation Program, une enquête menée par un comité sénatorial bi-partisan dirigé par la sénatrice Dianne Feinstein, dont une infime partie a été rendue accessible au public en 201425. Compilant rapports d’enquêtes, vidéos, articles de presse, témoignages d’officiels, d’agents et de prisonniers, le rapport dresse un portrait très sombre des techniques employées par l’agence, tout particulièrement concernant l’usage de la torture et son efficacité dans la lutte contre le terrorisme.

La commission expose en une vingtaine de points synthétiques les échecs cuisants du programme, dont on peut citer ici certains points clés. La torture s’est montrée inefficace, dans un large spectre, tant dans la récupération d’informations que dans la coopération des prisonniers, beaucoup d’entre eux décidant soit de mentir pour se sortir d’affaire, soit de ne pas coopérer en adoptant des comportements de martyr. Les opérations de la CIA ont en outre parfois mis en difficulté d’autres opérations militaires, soit par manque de communication avec les autres agences de renseignement états-uniennes, soit suite à la diffusion de renseignements parcellaires ou faux. La CIA s’est en outre montrée plusieurs fois malhonnête en mentant à la justice et aux commissions d’enquête, tout en faisant parfois fuiter auprès de la presse des informations classées comme confidentielles quand elle estimait cela utile26.

Ainsi, on voit que la réalité est très différente de la présentation de la torture dans la série. Sans même considérer la moralité ou la légalité de la chose, je pense que la plus importante contradiction à la justification de la torture mise en avant par l’administration Bush, la CIA, et certaines représentations fictionnelles, est bel et bien le manque de résultats.

La construction du mythos de la torture utile : critique du ticking bomb scenario

Le ticking bomb scenario (scénario de la bombe à retardement) trouverait son origine dans le roman de Jean Lartéguy de 1960, Les Centurions, adapté ensuite au cinéma avec le film franco-américain de Mark Robson Lost Command (1966). Dans le roman, le héros est amené à violenter une suspecte pour obtenir des informations susceptibles de l’aider à retrouver des bombes juste avant qu’elles n’explosent. Le ticking bomb scenario pose ce faisant la question de la justification de la torture sous couvert d’une urgence vitale : seriez-vous prêt à torturer et tuer, si cela vous permettait de sauver des vies ?

C’est tout le postulat de 24 heures chrono. Une série entièrement basée, à chaque saison, sur l’urgence d’une seule journée, pour arriver à déjouer en général plusieurs complots terroristes. Tout met en scène l’urgence, du rappel des heures qui défilent au son du générique, de la pression que subissent les agents à leurs nuits blanches, sans compter les nombreux drames personnels qui émaillent le parcours de Jack, comme quand il voit sa fille menacée et sa femme tuée dans Day 1, qu’il combat une addiction à l’héroïne dans Day 3, ou qu’il s’oppose à son frère dans Day 6. Le risque est extrêmement important, les conséquences gravissimes, le stress constant.

Dans un article du 12 février 2007 pour The New Yorker27, Jane Mayer met en exergue plusieurs problèmes que pose ce genre de fiction. Dans son interview de Joel Surnow, l’un des co-créateurs et producteurs exécutifs du show, transparaît une véritable volonté de l’équipe créative de mettre en avant ce type de scénario. Le bureau de Surnow est d’ailleurs décoré d’un grand drapeau américain, cadeau de soldats stationnés en Irak, où les DVD du show étaient très populaires. Surnow explique : « The military loves our show […] People in the administrations love the series, too […] It’s a patriotic show. They should love it »28.

C’est une série patriotique. Cette phrase, de l’un des créateurs du show, donne clairement le ton. Il y a bien une volonté directe de mettre en avant dans la série les intérêts états-uniens. Au lendemain du 11 Septembre, la série est perçue comme répondant à un outrage subi par les États-Unis. Dans un pays en guerre, en quête de réponses, en insécurité, 24 heures chrono apparaît comme une série cathartique, où les justes prévalent, et où les méchants sont punis. Les antagonistes d’ailleurs sont à bien des égards des ennemis qui renvoient aux opposants historiques de la Greatest Generation29 et de la Guerre Froide : dans un premier temps l’ennemi extérieur, souvent en provenance d’États totalitaires ou autoritaires (pays musulmans du Proche-Orient, Chine, Russie, etc.) qui rappellent dans l’imaginaire états-unien le nazisme ou le communisme soviétique ; dans un second temps l’ennemi intérieur, la fifth column30 de la Seconde Guerre Mondiale, c’est-à-dire des notables états-uniens traîtres à leur pays, ou encore des citoyens états-uniens aux intérêts opposés à ceux de la démocratie libre à économie de marché. L’ennemi peut ainsi être un véritable État au modèle différent, tout comme un individu embarqué dans des intérêts personnels, avec la myriade de nuances et de collusions que l’on peut trouver entre ces deux pôles.

Dans son article, Mayer parle d’une rencontre de novembre 2006 qui a eu lieu entre plusieurs officiels de l’armée et du FBI, dont des instructeurs à l’Académie militaire de West Point, et les créateurs du show. L’un d’entre eux, le brigadier général Patrick Finnegan, y exprime des doutes sur la surutilisation de la torture dans la série, qui met à mal l’image du pays et donne une fausse représentation des résultats de celle-ci. Il remet notamment en cause l’usage de la torture envers les fanatiques religieux qui seraient ravis d’être les martyrs d’une cause meurtrière, prêts à se faire exploser et ne craignant pas la torture, mais l’acceptant au contraire avec une joie morbide.

Lagouranis, un autre membre de la délégation, souligne de son côté le fait que, malgré leurs critiques et leurs avertissements, notamment sur la disparité, quant à la justification de la torture, entre la réalité du terrain et les scénarios typiques de la série, l’équipe ne changera sûrement pas grand-chose au déroulement et à l’écriture de la série : « They have this money-making machine, and we were telling them it’s immoral »31. Cet argument met alors le doigt sur une autre facette essentielle de 24 heures chrono dans le cadre de l’entertainment américain : la demande justifie le marché. 24 heures chrono a rencontré le succès dans les années 2000, avec plusieurs millions de téléspectateurs en prime time sur plusieurs saisons. On ne change pas une recette qui gagne. Comme beaucoup d’autres créations états-uniennes auparavant, tels le western ou les comic books de super-héros pendant la Seconde Guerre Mondiale, 24 heures chrono répond au besoin d’un public états-unien engagé dans la Guerre contre la Terreur et en quête d’œuvres au souffle patriotique. La série indique un chemin, un exemple à suivre, une façon de rendre justice face aux traîtres et fanatiques qui ont saigné le pays.

Or ces représentations ne sont pas anodines ou sans conséquences. Plusieurs cadets de l’armée sont convaincus que tirer dans les genoux des suspects peut les faire parler, comme dans 24 heures chrono32. On défend dans des colloques de droit l’exemple de Jack Bauer comme celui d’un héros américain qui place l’absolue nécessité avant les droits de l’homme, et qui sauve des vies ce faisant33.

Surnow déclare dans l’interview citée plus haut : « America is sort of the parent of the world, so we have to be stern but fair to people who are rebellious to us. We don’t spoil them. That’s not to say you abuse them either. But you have to know who the adult in the room is »34. On retrouve, dans cette vision très conservatrice de la place des États-Unis dans le monde, une volonté interventionniste, bouclier du bien dans le monde, mais aussi des échos évidents de la Manifest Destiny, cette philosophie propre aux origines des États-Unis qui met en avant le modèle états-unien comme supérieur aux autres, dont la mission divine est de guider les autres vers le meilleur des modèles.

En combinant ainsi le climat des années 2000, le succès économique et critique de la série plusieurs fois décorée, les ticking bomb scenarios que déjoue en boucle un Jack Bauer juste, déterminé, héroïque et patriote, on arrive alors à la conclusion logique…

… Jack Bauer, le héros des années 2000 ?

Depuis la Seconde Guerre Mondiale et la Greatest Generation qui a libéré le monde des fascismes du xxe siècle, les États-Unis sont en guerre : Guerre Froide, Corée, Vietnam, Golfe, Afghanistan, Irak. Le modèle socio-culturel états-unien est fortement influencé par le fait de toujours avoir un ennemi à abattre. Un ennemi de la démocratie et/ou de l’économie de marché. Toutes les fois où ce modèle pourrait être mis à mal par des décisions problématiques des États-Unis sur le plan moral, comme cela a pu être le cas pendant la Seconde Guerre Mondiale avec les camps d’internement des citoyens d’origine japonaise, ou pendant la Guerre du Vietnam avec les sévices infligés par les boys sur le terrain, une partie de l’industrie du divertissement prend le relais et se met au service du patriotisme états-unien.

La figure du vigilante, ce héros sombre, qui sacrifie sa vie personnelle dans une quête de justice, quand les institutions étatiques font défaut, se retrouve dans les pulps du début du xxe siècle jusqu’à la figure du cowboy de Clint Eastwood et les westerns des années 1960, ou les films comme Taxi Driver (1976) ou Rambo First Blood (1982). Le héros, ou anti-héros, se retrouve dans des milieux corrompus, où le crime prospère, et prend sur lui de rendre la justice, quel que soit le prix moral à payer ou ses défaillances personnelles.

Ces fictions représentent souvent dans le même temps les failles et les peurs de la société états-unienne à des moment clés, comme lors de la montée du communisme pendant la Guerre Froide, le retour très difficile des soldats du Vietnam ou encore l’accroissement de la criminalité dans les années 80-90.

Jack Bauer et 24 heures chrono s’inscrivent parfaitement dans cet héritage. Les États-Unis des années 2000 subissent de plein fouet le traumatisme du terrorisme et de ces nouveaux types d’affrontement. Comment l’armée la plus puissante du monde peut-elle être défaite par quelques fanatiques et des avions civils ? Comment de tels agissements n’ont pu être prévus et déjoués ? Le public peut se demander ce qui se serait passé si seulement il y avait eu quelqu’un comme Jack pour empêcher les terroristes d’agir. Quelqu’un qui n’a que faire des règles, qui prend sur lui de faire ce qui est juste. Un patriote. Un héros.

On comprend alors ce qui fait le succès de la série : son écriture complexe, le stress induit chez les téléspectateurs par le rappel du temps qui défile tout au long des épisodes, sa mise en scène originale, mais aussi et surtout le fait qu’elle s’inscrit parfaitement dans son temps. Elle répond fantasmatiquement au besoin de justice et de vengeance du public. Jack sacrifiera tout, sa morale, sa famille, son bonheur, son âme, sa place dans la société, tout, pour que le « job gets done »35. Dans le premier épisode de Day 236, Jack abat ainsi froidement Marshall Goren, un pédophile, pour se servir de son cadavre dans le cadre d’une ruse, alors que celui-ci venait de passer un accord avec le gouvernement. À George Mason, l’un des collègues de Jack, qui s’horrifie de son attitude, Jack répond : « that’s the problem with people like you George. You want results but are never ready to get your hands dirty »37. Car les résultats impliquent de se salir les mains, tout comme l’administration Bush a de facto autorisé la CIA à pratiquer la torture.

En 2006, un sondage conduit par la BBC38 indique que 36% de la population états-unienne est favorable à l’utilisation de la torture pour obtenir des informations sur les terroristes et les criminels, contre 19% en France et 24% au Royaume-Uni. Jack Bauer y serait-il pour quelque chose ?

Bibliographie

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Notes

1. On compte huit saisons de la série 24 heures chrono entre 2001 et 2010, ainsi qu’une 9 e sortie plus tardivement en 2014. Il existe également un film faisant la jonction entre les saisons 6 et 7, ainsi qu’un univers étendu, partiellement canon, au travers de nouvelles, romans et autres médias. Les saisons sont appelées des Day, faisant référence à une journée de 24 heures.

2. J. J. Wisnewski, R. D. Emerick, The Ethics of Torture, London, Continuum, 2009, p. 2 (la traduction – et, sauf mention contraire, les autres proposées dans cet article – sont de Th. Touret-Dengreville).

3. D. Feinstein, La CIA et la torture. Le rapport de la Commission sénatoriale américaine sur les méthodes de détention et d’interrogatoire de la CIA, trad. fr. M. Berrée, L. Bury, C. Coen, A. Forterre-de Monicault, D. Haas, Paris, Les Arènes, 2015 (2014), p. 6.

4. J. Prados, Histoire de la CIA. Les fantômes de Langley, trad. fr. A. Bourguilleau, Paris, Perrin, 2019, p. 33.

5. J. Prados, Histoire de la CIA. Les fantômes de Langley, trad. fr. A. Bourguilleau, Paris, Perrin, 2019, p. 35.

6. J. Prados, Histoire de la CIA. Les fantômes de Langley, trad. fr. A. Bourguilleau, Paris, Perrin, 2019, p. 25.

7. M. Terestchenko, Du bon usage de la torture. Ou comment les démocraties justifient l’injustifiable, Paris, La Découverte, 2008, p. 55.

8. A. Sullivan, « Verschärfte Vernehmung », The Atlantic Monthly, 29 Mai 2007.

9. D. Feinstein, La CIA et la torture. Le rapport de la Commission sénatoriale américaine sur les méthodes de détention et d’interrogatoire de la CIA, trad. fr. M. Berrée, L. Bury, C. Coen, A. Forterre-de Monicault, D. Haas, Paris, Les Arènes, 2015 (2014), p. 18-19.

10. J. Mayer, « Whatever it takes. The Politics of the Man Behind 24 », The New Yorker, 12 février 2007.

11Day 2 : épisode 12, 11 février 2003.

12Day 3 : épisode 23, 18 mai 2004.

13. « Quand ta fille sera infectée, je vais te forcer à la regarder mourir ».

14Day 8 : épisode 21, 10 mai 2010.

15Day 2 : épisode 13, 18 février 2003.

16Day 4 : épisode 1, 9 janvier 2005.

17Day 5 : épisode 6, 30 janvier 2006.

18. « Vous avez lu mon dossier, vous savez ce que je vais vous faire ».

19Day 7 : épisode 24, 18 mai 2009.

20Day 6 : épisode 7, 5 février 2007.

21. Fait référence aux briquets Zippo, que les soldats utilisaient pour brûler les villages.

22. D. Feinstein, La CIA et la torture. Le rapport de la Commission sénatoriale américaine sur les méthodes de détention et d’interrogatoire de la CIA, trad. fr. M. Berrée, L. Bury, C. Coen, A. Forterre-de Monicault, D. Haas, Paris, Les Arènes, 2015 (2014), p. 8.

23. D. Feinstein, La CIA et la torture. Le rapport de la Commission sénatoriale américaine sur les méthodes de détention et d’interrogatoire de la CIA, trad. fr. M. Berrée, L. Bury, C. Coen, A. Forterre-de Monicault, D. Haas, Paris, Les Arènes, 2015 (2014), p. 9.

24. J. Prados, Histoire de la CIA. Les fantômes de Langley, trad. fr. A. Bourguilleau, Paris, Perrin, 2019, p. 33-35.

25. D. Feinstein, La CIA et la torture. Le rapport de la Commission sénatoriale américaine sur les méthodes de détention et d’interrogatoire de la CIA, trad. fr. M. Berrée, L. Bury, C. Coen, A. Forterre-de Monicault, D. Haas, Paris, Les Arènes, 2015 (2014).

26. D. Feinstein, La CIA et la torture. Le rapport de la Commission sénatoriale américaine sur les méthodes de détention et d’interrogatoire de la CIA, trad. fr. M. Berrée, L. Bury, C. Coen, A. Forterre-de Monicault, D. Haas, Paris, Les Arènes, 2015 (2014), p. 15-19.

27. J. Mayer, « Whatever it takes. The Politics of the Man Behind 24 », The New Yorker, 12 février 2007.

28. « Les militaires aiment notre série […] Les gens dans les administrations aiment la série aussi […] C’est une série patriotique, ils doivent l’aimer ».

29. « La Meilleure des Générations », désigne la génération de la Seconde Guerre mondiale.

30. « La Cinquième Colonne », désigne un groupe de traîtres au sein d’un pays, qui travaille contre les intérêts nationaux.

31. « Ils ont cette machine à faire de l’argent, et on était en train de leur dire que c’est immoral ».

32. M. Terestchenko, Du bon usage de la torture. Ou comment les démocraties justifient l’injustifiable, Paris, La Découverte, 2008, p. 132.

33. M. Terestchenko, Du bon usage de la torture. Ou comment les démocraties justifient l’injustifiable, Paris, La Découverte, 2008, p. 133.

34. « L’Amérique est un peu comme le papa du monde, donc on doit se montrer sévère mais juste envers les gens qui se rebellent contre nous. On n’est pas tendre avec eux, mais on n’abuse pas non plus. Mais c’est important qu’ils sachent qui est l’adulte dans la pièce ».

35. « Que le boulot soit fait ».

36Day 2 : épisode 1, 29 octobre 2002.

37. « C’est le problème avec les gens comme vous, George. Vous voulez des résultats mais vous n’êtes jamais prêts à vous salir les mains ».

38. J. J. Wisnewski, R. D. Emerick, The Ethics of Torture, London, Continuum, 2009, p. 56.

Citation

Théo Touret-Dengreville, « La torture dans 24 heures chrono. De la fiction à la réalité », dans Sylvie Allouche (éd.), 24 heures chrono, naissance du genre sécuritaire ? Archive ouverte J. Vrin, visité le 19 avril 2024, https://archive-ouverte.vrin.fr/item/touret-dengreville_la_torture_dans_24_heures_chrono_de_la_fiction_a_la_realite_2021

Auteur

Théo Touret-Dengreville est assistant de recherche au sein de l’ERC Advanced Grant DEMOSERIES, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

theo.touretdengmail.com

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