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Phénomène phare de la culture populaire, les superhéros, apparus dans les comics états-uniens des années 1930, ont largement investi à partir des années 2000 les écrans à travers de multiples séries à la fois télévisées et cinématographiques, les films du genre trustant une bonne partie des premières places du box-office mondial. Mais les films et séries de superhéros ne sont pas seulement le prétexte au déploiement d’effets spéciaux et de scènes de combat spectaculaires, s’y déploie une intelligence que les articles de ce recueil, rédigés par des philosophes et des spécialistes issus de diverses disciplines, s’emploient à mettre en évidence.

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L’article explore l’impact de 24 heures chrono sur le public à travers les différentes vies de Jack Bauer : les retours à l’écran du héros sous diverses formes, dans une 9e saison de 24 heures chrono quatre ans après ses adieux, ensuite dans la série Designated Survivor où il incarne un président états-unien arrivé au pouvoir par accident, et enfin dans la continuité affichée entre 24 heures chrono et ses successeurs du genre sécuritaire, particulièrement Homeland qui a pris sa suite et ses responsabilités ; mais dans un contexte bien plus ambivalent et dangereux, où le risque n’est plus seulement le terrorisme, mais l’incapacité des gouvernants à répondre aux menaces globales du présent.

Sous la contrainte librement interprétée du « temps réel », 24 heures chrono offre l’illustration frénétique d’un nouveau régime d’exercice du pouvoir et de circulation des images. La catastrophe a déjà eu lieu, il s’agit seulement d’en « contrôler » les contrecoups les plus désastreux, et toujours de proche en proche, selon un principe d’action locale. Nous décrivons ici la condition spatiotemporelle qui en résulte en faisant jouer l’une contre l’autre la dimension de l’instantané (temps du « direct » médiatisé par les protocoles de connexion à distance, avec leurs multiples interfaces) et celle du simultané (contemporanéité disjonctive des lignes d’action et des flux de durée distribués à l’échelle de la ville ou du territoire national). Ces dimensions s’expriment à la fois sur le plan diégétique, pour les personnages du drame, et sur le plan extra-diégétique du dispositif de visionnage, pour un spectateur censé suivre l’action en « temps réel », mais susceptible de s’y rapporter de loin en loin, et même de revoir certains épisodes à des années de distance. Tandis que la durée laminée et compressée du « just in time » ne cesse d’interrompre la durée longue et diffuse des affects, l’image acquiert une qualité kaléidoscopique qui finit par contredire le fantasme synoptique entretenu par le thème de la surveillance ubiquitaire et l’usage intensif des technologies de communication.

Le « coda » ajouté à ce texte ébauche une réflexion de nature plus fondamentale suscitée par la tentative de revoir 24 heures chrono. Nous y défendons l’idée que la forme sérielle est d’essence spatiale, précisément parce qu’elle implique la mise en variation du film-souvenir au gré des re-visionnages.

Wonder Woman est le prototype de l’héroïne de la culture populaire, celle qui servira de modèle pour toutes les autres. Sans Wonder Woman, il n’y aurait peut-être pas eu Buffy, Sydney Bristow dans Alias, ou les femmes-guerrières de Game of Thrones et Vikings. Wonder Woman incarne en effet la toute première tentative pour promouvoir le féminisme par la culture populaire, et aucune nouvelle super-héroïne ne pourra sans doute avoir le même impact et la même force symbolique qu’elle. C’est ce que l’article s’emploie à montrer en conduisant une étude croisée de la figure de Wonder Woman à la fois dans l’histoire de la culture populaire et du féminisme, de la création du personnage par William Moulton Marston en 1941 aux films de 2017 et 2020 en passant par la série des années 1970.