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L’expérience du spectateur de 24 heures chrono se caractérise souvent par une forte immersion. Cette immersion s’explique notamment par la capacité des épisodes à provoquer l’émotion du suspense. Le suspense présuppose généralement un fort attachement au personnage principal. À suivre une théorie influente, ce phénomène d’attachement s’expliquerait par le fait que le spectateur attribue au personnage des vertus morales. Mais l’usage de la torture par Jack Bauer n’est pas sans poser des problèmes éthiques qui ont souvent été soulevés. Plutôt que d’aborder directement la question de savoir si l’on doit condamner moralement la série 24 heures chrono, et après avoir rappelé les théories philosophiques du suspense et de l’attachement qui sont pertinentes pour rendre compte du pouvoir que la série a pu avoir sur ses spectateurs, le texte envisage une autre conception de l’attachement, plus sensible à ce que la série pourrait nous révéler des dimensions sceptiques et tragiques, mais aussi poétiques, de la vie moderne.

Depuis son arrivée en 2018 dans les salles, Black Panther a su fédérer toute une partie de l’audience et des critiques avec une proposition cinématographique qui renouvelle le genre super-héroïque par son traitement habile des questions de représentation culturelle sans pour autant s’aliéner le public mainstream. Véritable travail d’exploration culturelle et linguistique, le film, tout en offrant un récit super-héroïque traditionnel, a réussi à se faire une place singulière au milieu des films du MCU les plus récompensés au travers de la portée de son message, alors que le mouvement Black Lives Matters affichait souvent des « Wakanda Forever ! » sur ses panneaux lors des manifestations. Mais le centre du film, et ce qui devient un élément central du MCU, est sans nul doute le Wakanda, pays utopique imaginaire d’Afrique, aux inspirations afro-futuristes et décoloniales. En s’intéressant à la représentation du Wakanda et à la place de Black Panther dans la série des films du MCU, cet article interroge les liens entre monde réel et monde imaginaire, tout en montrant que Black Panther est un cas d’école : un film engagé, qui relève d’une forme d’activisme politique ethnique, et a pourtant su séduire une audience mondiale extrêmement diverse.
Depuis la création du personnage de Superman en 1938, les figures de superhéros, et plus largement les personnages dotés de superpouvoirs, se sont multipliés, dans les comics d’abord, puis au cinéma et dans les séries, les films du Marvel Cinematic Universe occupant régulièrement les premières places du box-office mondial. L’image que l’on peut avoir spontanément du superhéros est celui d’un personnage au costume flashy qui lutte grâce à d’innombrables exploits acrobatiques contre des supervilains et leurs plans compliqués de domination ou de destruction globales dans un univers moral manichéen. Mais, comme en témoignent deux phrases célèbres tirées des histoires de superhéros, « With great power comes great responsibility » et « Who watches the Watchmen ? », le fait qu’un ou plusieurs individus possèdent des superpouvoirs soulève nécessairement des questions politiques, comme je m’emploie à le mettre en évidence à partir de divers exemples. Mais, plus fondamentalement, il me semble que les histoires de superhéros permettent d’interroger un présupposé omniprésent des théories politiques traditionnelles concernant les capacités que doivent présenter les individus pour pouvoir entrer dans une relation politique. C’est ce que je me propose de montrer à partir d’une comparaison avec la question d’une éventuelle relation politique à construire avec les animaux, telle que défendue par Sue Donaldson et Will Kymlicka dans leur livre de 2011 intitulé Zoopolis.
In “People that Wear Masks are Dangerous. Why did HBO Watchmen find a home for superheroes in Tulsa?”, Clair Richards explores the themes of masks, identity, and costume in HBO Watchmen. The article discusses how the TV series challenges traditional representations of superheroes, focusing on the Black experience and gaze, with a Black female protagonist; it explores the significance of the shift of the narrative from New York to Tulsa, and the first depiction of the 1921 Tulsa race massacre; it engages with the various debates around masking, identity, costume, and race. HBO Watchmen indeed challenges traditional notions of the female superhero and explores the limitations of conventions of the wider superhero genre. It is an innovative exploration of counterfactual outcomes, which offers an alternative space for the representation of strong, Black, female identity in a superherocontext, while challenging societal polarisation.